The Perfect Project

005 - Le Destin… Qui a inventé cette connerie ?



Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais plus comment m'en sortir. J'était là affalé sur la porte de la chambre de mes deux filles à les regarder dormir, elles étaient si paisibles. Je m'en veux de leurs avoir menti si souvent. Quelques fois pendant leur sommeil, j'allais les voir. Je leur caressais les cheveux légèrement pour ne pas les réveiller. Je leur parlais… Je leur racontais ce que faisait vraiment leur père. Je me sens mal, mal de mentir à ce que j'ai de plus cher. Je leur parlais à voix basse. "Votre père ne travaille pas dans un beau bureau, il n'est pas un homme d'affaire… Il n'est… Il n'est qu'un vulgaire voleur." Je ne suis qu'un hors-la-loi. Mais comment ne pas enfreindre les lois, lorsqu'elles sont si mal faites. J'ai eu la chance d'embarquer avec toute ma famille sur ce vaisseau. Enfin, je ne crois pas que "chance" soit le terme exact. Peut-être que nous aurions du rester sur Terre. J'entends encore ma femme me dire "C'est notre destin, on n'y peut rien". Rah quelle connerie, comment une vie pourrait être régie par un destin. Comment ce destin, aussi puissant soit-il, pourrait contrôler nos choix et nos vies. Je pense plutôt que le "destin" n'a était inventé que par quelque philosophe parano, cherchant un bouc émissaire à ses malheurs. Le Destin a été inventé pour expliquer l'inexplicable… Putain voilà que je me mets à penser comme ces crétins. Et pourquoi l'homme, et pourquoi la terre, et pourquoi l'univers, et pourquoi l'œuf avant la poule, et blablablabla… Parce que !!! C'est largement suffisant comme réponse. Au lieu d'avoir leur cul assis sur une chaise à chercher des réponses à des questions connes, ils devraient plutôt passer leurs temps à aider les gens dans le besoin comme moi et tant d'autre.

Après tout, je ne sais même pas pourquoi je m'énerve, depuis que l'homme est homme, il n'a cessé de penser à ses petites fesses. Que voulez vous… c'est le destin… Voilà que je me mets à penser comme ma femme. J'en ai marre, à notre époque on n'arrive même plus à penser par nous même. Les psychothérapeutes et autre psychotruc n'ont jamais eu autant la côte. J'entends encore un ami me dire "Ca y est, je déprime plus, le thérapeute m'a expliqué pourquoi…" Je ne l'ai plus écouté après cela. Je me demande encore, après tout ce temps, s'il ne déprime vraiment plus ou si c'est plutôt cette espèce de barrière psychologique instauré par ces thérapeutes reconverti en laveurs de cerveaux pour nous donner une raison de continuer à travailler comme des ânes en nous persuadant que c'est le destin et que nous ne pouvons rien faire à part nous faire une raison.

Moi je n'ai pas voulu me faire une raison, au grand dam de ma femme. Hier matin, je me suis encore prit une écharde dans le pied. Il faut dire que, rebelle que je suis, j'ai refusée de mettre mes baskets pour circuler dans l'appartement… appartement délabré, soit dit en passant. Le boulot harassant que je faisais ne m'a permis de me payer que cet appartement délabré, dans cet immeuble délabré, qui donnait sur une rue délabrée, qui elle-même se situait dans un quartier délabré… J'ai l'impression de me répéter… "Comme le destin" Aurait dit ma femme.

"Le destin est comme une horloge au tic-tac immuable, il ne tient qu'à nous de la dérégler" J'ai entendu cette connerie à la radio ce matin. Comme si nous allions tomber, au coin de la rue, sur une horloge avec tagué dessus "destin" et qu'il nous suffirait simplement de la tabasser pour que tout aille mieux… MON CUL !

Enfin bon, toutes ces histoires de destin sont peut-être la cause de ce qui m'est arrivé ce matin. J'étais sorti de chez moi pour faire un petit tour, laissant ma femme au bord des larmes face à notre pauvreté. Je chassai les quelques rats qui traînaient par-ci par-la dans le couloir. Ma porte d'entrée était à moitié encastrée depuis près d'une semaine, un jeune a voulu nous cambrioler, il n'a rien trouvé de mieux que de défoncer la porte. J'ai a peine eu le temps de me lever lorsque j'ai aperçu son visage de Machiavel se métamorphoser en un visage de pitié. Comment ne pas avoir pitié lorsque l'on voit un plancher délabrer où faire 30 centimètres en chaussettes est un suicide pour les pieds ? Comment ne pas être déprimé lorsque l'on aperçoit le vieux canapé rafistolé qui a encore quelques ressorts qui s'échappent, même pas de télé, encore moins de chaîne hi-fi. Un petit poste de radio trouvé dans une décharge, une cuisine plus que douteuse du coté hygiénique… Je ne vous parle même pas de la chambre, car vous n'aurez même pas envie de finir de lire cette page. Mes petites filles ne demandaient que des bonbons et un sapin de Noël, même si ce dernier est déjà passé. Une fois dehors, je me promenais dans la galerie marchande, du quartier pauvre, rassurez-vous. On m'aurez déjà embarqué si j'avais ne serait ce que oser porter le regard du coté chic. C'est quand même dingue qu'au 25ème siècle, le terme "haillon" existe toujours. Me font encore marrer les philosophe du 19-20ème avec leur "Utopie" où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Crétin ! Je vois mon visage sur une chaîne de télé, cela allait faire une semaine que j'étais catalogué "Wanted" pour une prime de 50 000 Oraya. Je rêve… 50 000. Si je pouvais toucher la prime en me rendant moi-même, il y a belle lurette que je l'aurais fait. Cela représente 5 mois de salaire d'un cadre supérieur, autrement dit près de 2 ans de salaire pour quelqu'un de mon rang social. Ma femme aurait acheté un sapin de Noël et une montagne de bonbons pour mes filles. Une envie pressente me fit entrer dans une étroite ruelle abandonnée. Ca doit être à ce moment que l'horloge a du se détraquer. Qui aurait pu dire que j'allais pisser sur mon destin…

J'avançais légèrement vers la pénombre pour ne pas être vu des passants de la galerie marchande. Quoique même si je pissais en plein milieu de la rue ils s'en foutraient royalement. Je n'ai même pas eu le temps de sortir mon matos, qu'une main s'abattit sur mon épaule. J'ai sursauté comme jamais, ce qui me coupa l'envie direct. En me retournant je m'attendais à voir une espèce de petite racaille mongole venue me braquer pour une énième fois. Je me trouver face à un… Je ne trouve même pas les mots pour le décrire. Les cheveux blancs, les yeux bleus turquoise, à la limite ça passait. Mais il était accoutré d'une telle façon, on se serait cru a un bal masqué, il ne manquait plus que le perroquet à son épaule et on aurait dit un authentique pirate. Les yeux grands ouverts je le dévisageait sans un mot. Lui, l'air flatté ne bougeait pas et ne disait rien, à croire qu'il prenait la pause. Après un long moment de silence il me présenta sa carte de chasseur avec un sourire qui en disait long. Il était venu me coffrer le salaud.

Je lui ai décroché la plus puissante de mes droites et me suis mit à courir de toute mes forces le plus vite possible. Je ne me suis pas retourné mais je l'entendais ricaner comme s'il m'avait déjà coffré. Il ne savait vraiment pas à qui il avait a faire. Pour ce qui est de la course je suis très rapide, peut-être même le plus rapide. Vous en connaissez beaucoup vous des personnes qui peuvent se vanter de courir le cent mètres en moins de 9 secondes ? Qu'est-ce que j'étais con… Au coin de la rue suivante, toujours à pleine vitesse, un bras sortit de nul part. Je me le suis prit de plein fouet, faisant pratiquement un salto arrière, m'étalant sur le sol comme la plus sale de mes chaussettes. C'était lui… le pirate. Comment avait-il fait pour me rattraper et me dépasser sans que je le voie ? Ca m'étonnerait qu'un énergumène comme lui ait un frère jumeau. Il coupa mes pensées en apposant une des ses grosses bottes de corsaire sur ma poitrine m'empêchant de me relever. "Tu cours vite dis donc pour un citoyen… haha !!! Ecoute-moi au lieu de fuir tes responsabilités. J'ai un marché à te proposer." Il n'a pas voulu en dire plus pour le moment, il me tendit la main pour m'aider à me relever. Méfiant, je lui tendis la mienne, après tout qu'avais-je à perdre, je ne possédais rien. Une fois chez moi, il m'exposa sont "marché", j'ai cru à un gros foutage de gueule jusqu'à ce qu'il me parle de ma cicatrice que seule ma femme pouvait connaître. "Ecoute très bien je suis Badok et je ne te le proposerais pas deux fois. Je cherche depuis longtemps un élève capable d'apprendre mes techniques et de m'aider dans ma mission. Après plusieurs investigations à travers les dossiers de généalogie du Virginia. Tu es celui que je recherche. Donc voilà le marché…" C'est à ce moment que j'ai cru halluciner.

"Tu est Philippe Chen, descendant d'une famille ancestrale qui inventa le Tai-Chi. Je t'épargne les détails. Mais sache que j'ai combattu avec l'un de tes ancêtres dans une bataille qui dépasse tout ce que tu peux imaginer. Lors de cet bataille, ton ancêtre, Philippe, fut gravement blessé par notre adversaire commun. Cet adversaire possédait une croix autour du coup, il s'en est servit pour nous vaincre. Philippe fut brûler au torse au contact de la croix." Sur ce il m'arracha la chemise pour examiner ma cicatrice. "Ceci est le vestige de cette bataille qui modifia le destin de la planète et celle de ta lignée. Depuis ce jour tous les descendants de la famille Chen porte cette cicatrice. Je peux te parier que tes deux filles ont la même cicatrice. Pour le moment, cela ressemble à des taches de naissance, mais la cicatrice se creuse avec le temps…C'est tout ce que tu as besoin de savoir pour le moment. Donc le marché est simple, l'ennemi va bientôt revenir à la charge et tout seul je n'aurais aucune chance d'en venir a bout. Tu deviens mon élève, j'efface ton casier et tu deviens un chasseur. Qu'est-ce que t'en pense ?"

Hallucinant n'est-il pas ? Je savais que mes origines remontaient à loin, mais alors là je suis sur le cul. Que pouvais-je faire d'autre à part accepter ? Cela voudrait dire que je ne verrais pas ma femme et mes enfants de si tôt. Et comment ils survivraient sans moi ? A cette question, le pirate… enfin Badok… drôle de nom pour un pirate. M'enfin bref, Badok plongea sa main dans son manteau de pirate et ressorti la plus grosse liasse de billets que j'ai pu apercevoir de ma vie. Ma bouche s'ouvrit sans que je lui donne l'ordre et ma femme tombât à genou se mettant à pleurer. "Voilà 200 000, j'espère que cela subviendra au besoin de ta famille les quelques mois où tu ne sera pas présent". Ma femme au cœur noble se cru bon d'ajouter "On… on ne peut accepter". Mais ta gueule, pour une fois que l'argent tombe du ciel, tu ne vas pas le repousser ! Pourquoi elle a pas dit : Chouette c'est le destin ! Pourquoi lorsqu'une chose est négative, c'est forcement dû au destin et lorsqu'elle est positive ce serait forcément autre chose ?

J'en avais les larmes aux yeux, mes filles pourront enfin avoir leur arbre de Noël et leur montagne de bonbons. Ma famille pourra s'installer dans un quartier plus… Hygiénique ? Je ne sais même pas comment on appelle les quartiers chics. Je me suis fait une raison assez rapidement. Et puis cela faisait longtemps que je n'avais pas fait de sport, ni d'art martiaux, quoique je doute encore que ce pirate y connaisse quelque chose aux arts martiaux et encore moins au Tai-Chi. Je me demande encore par quel chemin est-il passé pour me rattraper aussi vite.

P.S : Avis aux autres qui lisent ces ligne. Pissez sur votre destin, l'engrenage se rouillera et se détraquera. Vous serez ainsi libre de vos choix.

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